Qi Gong, un essai de définition.


Essai sur un « abc ». (part.2)

Sur un forum de discussion, je me suis retrouvé devant une affirmation sur l’incompatibilité d’une pratique simultanée de deux types d’exercices, appartenant chacun aux deux types de qigong différents.
« Non seulement ce n’est pas bon, mais en plus aucun des qigong n’aura d’effet. C’est pour moi une perte de temps. »
Sur le coup, bien que pas satisfait de cette réponse j’en suis tout de même resté dessus. L’autre jour, en pleine euphorie physique, j’étais entrain de faire un semi-marathon, les « questions –réponses » me sont revenus en mémoire.

Il n’étais plus question d’avoir la réponse, mais plutôt de comprendre qu’est que le Qigong 氣功.

Par ailleurs, avec l’apparition à la même époque de la notion de qi comme principe cosmologique à l’origine de la vie, le destin de l’homme ne se trouve plus être comme jadis du ressort des ancêtres, mais dépend directement d’un travail sur le souffle-qi, désigné couramment par l’appellation tardive de qigong (littéralement « travail du souffle »). C’est ainsi que la longévité d’abord conçue en termes de destin glisse progressivement vers la « Culture de soi », aussi culture du « Soi ». (1)

Manuscript Dao Yin retrouvé dans une tombe, dynastie Han

Porter une considération sur le qigong suppose une vision traditionnelle (dans le sens de la Tradition) minimale de l’être humain, c’est-à-dire la tripartition de l’être en spiritus (esprit, avec un E majuscule pour éviter toute équivoque, donc Esprit*), animus (âme) et corpus (corps).
Or, à l’instar du qigong, et toutes choses égales par ailleurs, c’est pourtant ce sur quoi s’appuie le respir**. Mais, nos contemporains ne veulent généralement plus même simplement envisager la double nature, divine et humaine, de l’homme. Moult topics le démontrent de manière quasi constante, tout en prétendant néanmoins et dans le même temps traiter qui de l’art martial qui du qigong, en les mutilant de leur terreau constitutif et parfois même en les réduisant à de simples constructions biomécaniques.(2)
« Grâce au Qigong, on fait entrer, ou l’on espère faire entrer les forces cosmiques en soi …/… par le respir nasal, par le mouvement, par les attitudes, par les pensées, par les prières…. » A. de Sambucy

Mais d’où vient alors tout cet amalgame?

Faire di Qi gong, cultiver le Qi, pratiquer….Le qigong est un terme inventé au milieu du 20ème siècle pour l’export (au même titre que le kung fu). Le mot sonne nettement mieux qu’une gymnastique taoïste ou qu’un yoga chinois (trop de concurrence à l’époque avec l’Inde et le Tibet!). D’autant que pour nous les occidentaux, le terme même de gymnastique est aujourd’hui incompris et se résume la plupart du temps à un ensemble de mouvements habiles plus ou moins désordonnés. L’âge d’or « des trois reines » est bien révolu….

En Europe pour expliquer un mouvement, un phénomène, nous donnons en général des noms empruntés à la gymnastique et à l’orthopédie. En Chine, on donne des noms d’après la ressemblance avec l’attitude des animaux. Ce n’est pas que les philosophes du pays de Descartes manquent de vocabulaire pour s’exprimer, mais parce que la terminologie taoïste résume des choses essentielles mieux que le mot français. Et ensuite, le mot taoïste désigne, au sens chinois, des choses, des idées, des faits, des éléments du corps qui sont complètement inconnus de la psychologie ou de l’anatomie française ou européenne. Ils sont importants et la traduction occidentale les désignent mal.

C’est déjà difficile de s’entendre sur une tentative de définition du mot, alors c’est bien compréhensible que le but recherché à travers, grâce au celui-ci soit obscur et incompris.
« L’Encyclopédie technique, historique, biographique et culturelle des arts martiaux de l’Extrème-Orient » de R. Habersetzer, nous donne les définitions suivantes:
– Qui gong désigne l’ensemble des méthodes destinées à contrôler, régulariser, diriger les flux d’énergies immatérielle circulant dans le corps humain, dans les méridiens d’acupuncture. L’appellation date  des années 1950. On désignait auparavant ce concept par Dao-yin.
–  Dao-yin est un art taoïste de la respiration combiné avec des exercices physiques et psychosomatiques.
– Nei gong, exercices de développement et de régularisation de l’énergie interne (Qi) par un travail respiratoire et dans des positions statiques, à l’opposer de waogong.
– Wai gong, ensemble d’exercices physiques (travail externe) destiné à concentrer l’énergie (Qi) dans une zone définie du corps ou elle est alors développé à travers un musculaire orienté.

Madame Guo Lin et ses élèves.

Pourquoi fait on du Qi gong ?

Fragilisé par la révolution culturelle, la transmission du maître au disciple au sein d’un clan, fut remplacé par une diffusion au masse, pour finir au début des années 1990 par un contrôle de « la vague » du qigong par l’état chinois. Qui, en publiant la liste des lignées de masse autorisées à enseigner à crée son propre système d’enseignement et d’administration du qigong hygiéniste.  En France même, l’état considère le QI gong comme une gymnastique énergétique douce de bien-être, et il en existe même des diplômes fédéraux!

Finalement, la définition du Qi contemporaine change selon l’exemple que l’on prend. Et à vouloir s’amuser de trouver la bonne traduction en décortiquant le terme en arrive au travail du souffle (daoyin)

Si on se refaire aux techniques d’enchaînement ou des mouvements (taolu, tuishou, fa-jin, donc principalement waigong), alors il s’agit purement de respiration. Dans les cas des exercices de neigong (Zhanzhuang, Qigong, etc.), qui, pour la plupart, visent à « nourrir » le Qi et, la respiration peut être utilisée différemment.

Qi Gong/Nei Gong

Wang Ji Wu

Pour le neigong (les pratiques internes) des AMI, et le neigong seulement, les différences sont :
1- L’utilisation de la respiration inversée fushi ni huxi 腹式逆呼吸 (propre au Taichiquan, mais plus rare en Xingyi quan, Pakua, etc., cela dépend en fait des styles, des maîtres)
2- La respiration est généralement continue, et n’est pas, en tous les cas, interrompue par de fortes contractions musculaires.
3- Les exercices d’endurcissement et de résistance physique du corps (par le Qigong) sont généralement rejetés.Par rapport à la respiration, utilisée dans le combat, les Taolu (combats fictifs) ou encore tuishou (donc waigong)
4- Dans les techniques de combat, les AMI utilisent l’inspiration dans les mouvements à nature défensive et l’expiration dans les mouvements à nature offensive. Alors que dans les arts externes, l’inspiration ne s’utilise qu’à des moments de « pause » ou de « repos », comme des temps morts et peuvent être suivis d’une plus longue période offensive sous « l’apnée ». (3)
Je ne vais pas détailler ici toutes les définitions selon les courants se revendiquant tant du courant interne que externe. Mais je citerais encore une fois AdS; « Tout est qigong pour celui qui à compris le principe d’union avec les forces cosmiques par le respir et le geste. » (dans  la citation originale l’allusion se référait au yoga)

Mouvement + Respir + Pensée
ou
Posture/mouvement + souffle/énergie + intention/pensée

C’est cette « union » qui en fait la particularité, la richesse et le but recherché dans ce type de travail.

A suivre….

* Il s’agit du souffle, pardon du Souffle
** Un exemple de travail du respir… actuellement. (l’intervention de funcal)

Origine des sources:

(1) Institut Ricci de Paris

(2) K.I. La citation de funcal

(3) K.I. à propos de la respiration

(4) Histoire du qigong

Laisser un commentaire