La méthode de la Table Penchenat.
La table Penchenat, quèsaco?
La méthode de la Table Penchenat est quasiment inconnue (à part au Québec).
Comme son nom l’indique, la Table Penchenat, est entièrement centrée sur un seul engin (permettant aussi d’exercer le corps entier), et il n’y a pas d’exercices en-dehors de la Table (excepté l’échauffement).
Ni de philosophie explicite associée aux exercices.
Pas de livre écris par l’inventeur de la méthode et à peine deux films réalisés par Jean Painlevé cinéaste et son ami.
Une première fois en 1937 pour une démonstration de sa méthode de soins de massage thermique, mécanique et manuel,
Une seconde fois (1962, à vérifier l’exactitude de la date) en train de superviser l’entraînement de Madame Michelle Nadal (danseuse), son élève et dépositaire de la méthode.
On ne le voit pas s’exercer lui-même, mais seulement manipuler la posture de Mme Nadal.
On voit aussi des exercices avec Jean Painlevé lui-même, et si je me souviens bien, aussi la conduite d’une séance dans la salle de gym de Michel Jazy (champion d’athlétisme de l’époque).
Cette démo de 1962 est l’objet du film documentaire disponible à la vente (et en vidéothèque municipale à Lyon).
C’est un film très instructif sur la manière d’aborder la culture physique à cette époque.
Madame Nadal commente elle-même les images, en voix off (plus d’une trentaine d’années après le filmage, dans cette version ré-éditée).
On y voit beaucoup de grands mouvements ballistiques relativement mal contrôlés chez les élèves filmés dans la salle de M. Jazy, en raison de la recherche d’amplitude maximale et de la vitesse d’exécution.
Il faut admettre que ces personnes étaient bien costaud(e)s, parce qu’il y avait vraiment de quoi « casser en deux » une colonne vertébrale « normale »…
Cette manière de s’exercer avec grande amplitude et vitesse entraîne des compensations par les lordoses cervicale et lombaire, qui valent, avec le recul, des commentaires critiques de Mme Nadal en voix off.
Le livre édité chez Masson » Entraînement Physique par la Méthode Penchenat » date de 1987 (Penchenat est mort en 1966).
Il a été écrit par Michelle Nadal et Simone Charbonnier, et représente le résultat, à cette date, de leur travail avec la Table Penchenat appliquée à la danse et au conditionnement physique en général.
Leurs connaîssances de danseuses, associées à l’enseignement de M. Guy Voyer (médecin et ostéopathe, actuellement très réputé aux USA dans les milieux sportifs) font que les critères posturaux sont définis rigoureusement.
Notamment, l’exigence de l’effacement systématique des courbures lordotiques lombaire et cervicale lors des mouvements.
Le livre est très didactique, avec de nombreux dessins et flêches indiquant le travail postural.
Origine de la table Penchenat.
Blessé dans les tranchées de la Première Guerre, Ferdinand Penchenat(3), kinésithérapeute des hôpitaux de Paris et champion de France en lutte gréco-romaine entreprend sa rééducation musculaire à l’aide des techniques traditionnelles de poids et haltères.
Mais qu’en est-il exactement.
En 1918, Ferdinand Penchenat, catcheur (dit « Ferdinand le Boucher », 1 m 90 / 90 kg), mutilé de guerre, crée chez le Professeur Abrami la méthode ostéo-kinésithérapeutique Penchenat. Il fait des adeptes aux Masseurs de France et en 1937 je filme quelques images de ses procédés. Le début des soins nécessite une détente préalable totale du patient, obtenue par une douche d’air chaud (un simple sèche-cheveux) donnée sous couverture agitée par l’autre main, et suivie par un massage-effleurage à la main.
En 1946 Penchenat revient de Dachau pesant 45 kg, ayant subi de nombreuses tortures. De retour à Paris, il reprit son cabinet de la rue Lauriston, remplaçant la tige de métal qui lui servait à amplifier les effets du vibro-masseur par le moteur » Oyster Master » placé sur le dessus de la main, laissant au masseur la totale liberté du jeu de ses doigts.
Sa séance de massage se prolongeait en général par une série de manipulations passives, puis par la séance de gymnastique active, sur une table conçue par lui. Cette table, dont le plateau souple permet d’éviter tout phénomène de résonance, est d’une forme particulière et permet la fixation de certaines parties du corps par d’incomparables -accrochages qui, aujourd’hui encore, font l’admiration des spécialistes de la culture physique. En effet, l’auto-fixation du bassin ou des épaules obtenue par ces accrochages permet l’amélioration rapide des positionnements, l’accroissement d’amplitude des mouvements contrôlés, le dépassement en dessous du plan de travail, l’élimination de nombreuses tensions inutiles, un assouplissement qui atteint des limites exceptionnelles, une localisation des niveaux d’action sur la colonne vertébrale et un renforcement musculaire intense, sans dépense énergétique excessive.
Un livre édité chez Masson, » Entraînement Physique par la Méthode Penchenat » dû, notamment, à Michelle Nadal (dépositaire de la méthode et de la table), une de ses disciples, en collaboration avec le docteur Guy Voyer, permet désormais de connaître cet instrument extraordinaire.
Le développement de la méthode.
Au début des années 1980, après un stage en France où elle découvre la méthode Penchenat, madame Thérèse Cadrin Petit décide d’adapter cette méthode, alors conçue pour les athlètes de pointe, au grand public.
http://www.gymnastiquesurtable.com/DATA/PRESSE/Derni%C3%A8re%20Heure.jpg
La Gymnastique sur table TCP(1) est une méthode d’entraînement axée sur l’équilibre postural qui vise à former un corps souple, fort et endurant. Elle contribue à faciliter tant les activités quotidiennes que l’entraînement sportif. La Gymnastique sur table TCP se pratique sur la « table Penchenat », conçue au début du XXe siècle par un massokinésithérapeute français, Ferdinand Penchenat, comme outil de rééducation de la musculature profonde.
Puisqu’on peut s’y installer et s’y agripper de très nombreuses façons, la table permet, entre autres, de placer diverses parties du corps suspendues dans le vide. Ce déséquilibre gravitationnel met en tension des muscles sous-activés dans les exercices debout ou au sol. La table Penchenat permet aussi une grande liberté dans l’espace, donc, de multiples possibilités d’exercices.
Conceptrice de la méthode, Thérèse Cadrin Petit définit la Gymnastique sur table TCP (qui porte ses initiales) comme une « physiothérapie approchée comme un entraînement en danse ». Ses exercices sont lents et sécuritaires, sous la supervision étroite des instructeurs. Il existe différents programmes (axés, par exemple, sur le stretching, le soin du dos, la résistance, etc.) et différents niveaux (débutant, élémentaire, intermédiaire, avancé).
À partir de la forme particulière de la Table qui permet d’effectuer des accrochages uniques laissant la gravité augmenter la charge sur les muscles, madame Cadrin Petit crée une toute nouvelle méthode d’entraînement où elle introduit des exercices de rééquilibration posturale originaux et scientifiquement conçus.
http://www.gymnastiquesurtable.com/main.cfm?p=20&l=fr
Un peu d’explications pratiques (2).
L’accrochage sur la table vise à l’auto-fixation d’une ceinture (scapulaire ou pelvienne) pour mobiliser l’autre ceinture libre autour d’un axe vertébral qu’on souhaite stabilisé…
La ceinture en mouvement de bascule latérale en-dehors de la table tend à emporter du même côté toute la chaîne articulaire en remontant (ou en descendant, selon la fixation par le haut ou par le bas) jusqu’au point d’accrochage.
Surtout lorsque c’est le « segment lourd » (jambes/bassin) qui bouge.
Par exemple, si on est avec les bras accrochés en chandelier aux coins de la table, la tension d’étirement initiée par la bascule latérale des jambes (et éventuellement du bassin) remonte jusqu’aux épaules et à la nuque.
Il est alors facile, même si on est bien agrippé, et avec les coudes plaqués, de décoller de la table l’épaule opposée au sens de la bascule.
Et aussi de cambrer la nuque… Ce qui peut fort ressembler à une « mise à la question médiévale »!
C’est peut-être en raison de cette difficulté que la méthode trouve ses limites vis-à-vis du « public normal ».
C’est a priori davantage un engin approprié pour des danseurs et des sportifs déjà TRES forts et TRES flexibles.
Ce qui n’est même pas le cas des sportifs, excepté des gymnastes et assimilés!…
C’est vrai aussi que l’application de la méthode a évolué vers une facilitation des exercices.
En contrôlant l’amplitude par la réduction des leviers corporels déplacés, on diminue l’instabilité et l’effort.
Mme Nadal continue d’enseigner la Table Penchenat le dimanche matin en tant qu’activité de loisirs. Il y a qqs danseurs, mais c’est du tout public.
Cette réduction des leviers corporels (sans scie et sans magie!) permet de se renforcer progressivement, et d’affiner les sensations de placement/alignement vertébral.
Toutefois, je reconnaîs que même en regroupant les genoux vers la poitrine… il n’est pas si facile de contrôler les bascules latérales!
Parce que pour se maintenir « regroupé/fermé (effacer la lordose lombaire)… il faut déjà avoir des abdominaux suffisamment forts ET un dos suffisamment flexible pour autoriser l’enroulement vertébral, ou même le simple alignement « neutre »… tandis que les jambes basculent latéralement!
D’autre part, l’exercice contrôlé sur la Table suppose d’accepter une certaine frustration en raison justement de la réduction des amplitudes:
– le fait de s’exercer avec les genoux fléchis, autant de temps que cela est nécessaire. Jusqu’au renforcement et assouplissement permettant de déplier PROGRESSIVEMENT les jambes.
(1)Formation
« Gymnastique sur table TCP » est un nom réservé avec dépôt légal. Seuls les instructeurs formés par Thérèse Cadrin Petit sont autorisés à l’utiliser. La formation comprend : 200 heures d’apprentissage théorique; au moins 150 heures de pratique personnelle; et un minimum de 50 heures d’observation de cours et d’enseignement supervisé. La formation continue comprend des séminaires annuels obligatoires de perfectionnement et de révision.
Conditions d’admission
Pour être admis, il faut pratiquer la Gymnastique sur table TCP à un niveau avancé depuis au moins un an. Il faut aussi posséder un baccalauréat dans une discipline pertinente (physiothérapie, éducation physique, science de l’entraînement, thérapie du sport) ou une expérience équivalente.
(2) la source « des explications pratiques » sur le forum de kwoon.info