Les femmes et les arts martiaux. (part 1/2)


Les Arts Martiaux ont été créés par les hommes pour les hommes?

Une analyse du rôle de la femme dans dans les Arts Martiaux, à travers les kakutogi (sports de combat), la pratique de budô ( comme méthode d’éducation) et dans la pratique guerrière.

Si la femme a fait preuve, en tous temps, de qualités de vaillance, d’énergie et d’adresse, ce n’est pas pour autant que les arènes sportives leur furent ouvertes facilement.
Pierre Bourdieu (1988) écrivait que « la force de l’ordre masculin se voit au fait qu’il se passe de justification ». Justification inutile car inscrite dans une nature biologique et fondée sur un discours idéologique. L’inculcation des dispositions sexuées n’est pas loin, il se fait d’abord par le traitement du corps, de façon inconsciente et durable.
« A travers la masculinisation des corps masculins et la féminisation des corps féminins s’opère une somatisation de l’arbitraire culturel, c’est-à-dire une construction durable de l’inconscient » (Bourdieu, 1988)

Déjà, aux Jeux Olympiques d’Athènes, la femme revendiqua une place : ces Jeux anciens de Grèce ont duré plus de 11 siècles (de – 776 à + 393 après J. C.) et, contrairement à la croyance populaire, des compétitions pour les jeunes filles eurent lieu à Olympie en l’honneur d’Héra, elles se déroulaient tous les 5 ans, en dehors des Jeux Olympiques (1). « Les jeunes filles étaient classées selon leur âge et devaient couvrir, comme les jeunes garçons, (2) 1/6 ème du stade et obtenaient un prix d’honneur, également une couronne tressée. Les concurrentes à la course portaient un court chiton, elles couraient les cheveux défaits, l’épaule et le sein droit dénudés » (3).

A Rome, les patriciennes des plus illustres familles (les Lapides, les Métellus, les Fabiens) ne craignaient pas de prendre le casque et la tunique des gladiateurs et de descendre dans l’arène des munus (4). Il fut un temps où la femme romaine venait demander des leçons aux rudiaires (maître d’armes) : elle supportait la pression de la visière du casque, s’essoufflait à porter l’armure tout en s’escrimant au poteau sous les commandements du professeur. Juvénal (5) attaque vertement cette virilisation par l’escrime : « voyez avec quelle ardeur elles portent les coups … le but contre lequel elles s’escriment, le bouclier au bras, est criblé de coups d’épées dans toutes les règles de l’art ».
Rome eut donc ses gladiatrices (ou gladiateures) qui, selon Juvénal, « s’efforçaient à porter des coups, sous les yeux d’un lanistae (maître d’armes) ». Il écrivait d’ailleurs, à propos de ces patriciennes éhontées qui combattaient dans les cirques romains : ferrum est quod amant ! Sous l’empereur Sévère, un combat opposant des femmes fut organisé et attira une multitude de spectateurs.

Les femmes dans les sports de combat.

« Je me suis vanté toute ma vie en me faisant passer pour une femme ». Le Chevalier d’Eon (1728 – 1810)

Loin de l’image parfois un peu brutale, les sports de combat ont ouverts leurs portes aux femmes qui sont de plus en plus nombreuses à monter sur le tatami ou le ring pour la boxe. Self défense, boxe féminine ou encore jiu-jitsu, les sports de combat sont multiples et chaque femme peut trouver celui qui lui convient.
Le plus jeune et non le moins important style de lutte : la lutte féminine

Irini Merlini, une athlète Ukrainienne est sacrée championne olympique de lutte féminine lors des jeux olympiques de 2004. Elle détient également le plus impressionnant palmarès des médaillées des quatres catégories existantes en lutte féminine. Elle a entre autres remporté trois championnats du monde dans la catégorie des 48 kg.

La boxe féminine, les femmes montent sur le ring

A l’image d’Hylary Swank dans le film « Million Dollar Baby » de et avec Clint Eastwood, la boxe, sport autrefois réservé aux hommes, séduit de plus en plus de femmes.

Le dictionnaire Littré en ligne ne mentionne pas le mot boxeuse et fait désigner par le mot « boxeur » non pas la personne (neutre) mais le mâle (« celui ») qui est exercé au pugilat dit boxe. C’est dire que la femme est montée tardivement sur les rings de boxe anglaise. Aujourd’hui, elle pratique encore une fois la boxe professionnelle. Elle ne participe plus aux Jeux Olympiques en qualité de boxeur, contrairement au passé.

L’escrime féminine.

L’escrime féminine en France a longtemps été un épiphénomène ignoré par les profanes. Les chevalières de Maupin d’Aubigny se font rares jusqu’au 20e siècle et il faut attendre 1900 pour voir les premiers assauts publics féminins, souvent donnés par des femmes ou filles de maîtres d’armes (Desmedt, Mérignac, Gabriel, Ruzé,…). Avant cette date les escrimeuses étaient tolérées et, comme l’écrivait Emile Zola, « elles passaient leurs après-midi à faire voleter autour d’elles les pointes émouchées de lames trempées dans l’acier de leur ennui ».


Aurélien Scholl, dans Fruits défendus nous narre à sa manière la femme d’épée : « A neuf heures du matin, la femme de chambre annonce : le maître d’armes de madame ! Et l’on entend bientôt le joyeux cliquetis, les appels, les hourras. Madame saute, rompt, s’élance, se fend, ses joues sont roses, sa respiration entrecoupée. Madame est vaillante, madame est fière, madame se sent vivre… ».
Jean Joseph Renaud reconnaît en 1910 dans une revue de « l’escrime française » que « l’escrime féminine est plus pratiquée à Londres qu’à Paris, et que l’escrime demande souplesse et malice, qualités dont les femmes ne sont pas dépourvues ».

 

A suivre.

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