Budō 武道 quelques pistes. (part.2/2)


Un extrait tiré de « Le budô par dela les barrières culturelles » de K. Tokitsu.

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« Le problème du budô pour des adeptes étrangers.
Maintenant, nous allons voir quelques problèmes que risque de rencontrer les adeptes étrangers, en particulier occidentaux.
La voie (dô) concerne pour les Japonais, toute la durée de la vie. La notion de budô comporte une tension vers l’amélioration de soi même, c’est-à-dire de la personne dans sa totalité à travers la pratique martiale. Cette expression est compréhensible pour les Occidentaux, mais ils ne lui donnent pas le même sens que les Japonais.

La manière de hausser la qualité humaine par la pratique du budô procède, nous l’avons vu des conceptions bouddhiste et shintoiste. Les hommes peuvent atteindre l’état – divin – de Bouddha et peuvent se confondre avec le dieu d’un sanctuaire. Nous pouvons citer par exemple, le sanctuaire Hayashizaki Jinja ou le fondateur de l’école de iai, Hayashizaki Jinsuke-Shigenobu, est vénéré comme un dieu de iai. Il existe un grand nombre de sanctuaires qui vénèrent une personne comme un dieu. Cette pensée présuppose qu’un homme peut, par ses efforts, parvenir à un état de perfection dans son existance.

Chaque être humain à la possibilité, en élevant sa valeur humaine, de changer la qualité de son être, d’atteindre une valeur qui se confond avec une forme d’absolu. La différence est manifeste avec la culture chrétienne ou la distance entre l’homme et Dieu est infranchissable.

Le discours philosophique et éthique des arts martiaux japonais ou budô sont basés fondamentalement sur la conception bouddhiste et shintoiste du monde et de l’univers, dans laquelle il n’y a pas d’absolu puisque rien existe que relativement aux autres. Cet univers n’est pas fondé sur le concept d’un Dieu absolu. Je connais quelques maîtres japonais d’arts martiaux qui sont chrétiens. Si leur foi est chrétienne, cela ne les empêche pas d’être sensible à l’énergie universelle à la manière shintoiste et bouddhiste. »

…/…

« Pour développer la pratique qualitative du budō en dépassant des barrières culturelles, je pense que nous devons avoir l’ouverture d’esprit qui nous permet de comprendre qu’il existe d’autres systèmes de penser dans d’autres cultures »

Voici un exemple de réalisation de soi dans et par le budô.

Maître Yamaoka Tesshu

Et extrait de l’interview de Kondo Katsuyuki:

« Vous êtes passionné par Yamaoka Tesshu et considéré comme son plus grand spécialiste. Qu’est ce qui vous a attiré en lui plus qu’en un autre samouraï célèbre comme Musashi par exemple?

(N.d.a. Yamaoka Tesshu, 1836-1888, maître célèbre de sabre, zen et calligraphie.)
Oui j’ai effectué beaucoup de recherches sur Yamaoka Tesshu. Tesshu était un homme extraordinaire. Il atteint la maîtrise du sabre dans les écoles Onoha Itto-ryu, Hokushin Itto-ryu et Nakanishi Itto-ryu qu’il avait toutes étudiées. Dans le bouddhisme zen il eut le satori et devint un Bouddha vivant. Il avait atteint la plus grande réalisation dans les mondes du sabre et de l’esprit. Mais surtout, il avait fait le lien entre ces deux mondes.
De même dans le monde de la calligraphie on considère que ses œuvres ont dépassé le niveau de l’homme lorsqu’il s’est réalisé, que son écriture est devenue divine. Personne dans l’histoire jusqu’à ce moment et depuis, n’a atteint un tel niveau de réalisation.

Je vais vous raconter une anecdote qui montre un aspect méconnu de Tesshu. Tesshu senseï était issu du monde des samouraïs. Il vécut donc la difficile transition entre l’ère Tokugawa et l’ère Meïji. A cette époque une bataille majeure se préparait entre les défenseurs du bakufu des Tokugawa et les partisans de l’empereur qui montaient sur Edo, l’actuelle Tokyo. Une telle bataille aurait donné lieu à un bain de sang effroyable non seulement dans les deux camps mais aussi chez les civils innocents. Miraculeusement la transition entre les forces shogunales et celles de l’empereur se fit sans qu’une goutte de sang soit versée.

Aujourd’hui l’histoire a retenu les noms de Katsu Kaïshu et Saïgo Takamori. Mais la réalité est différente. C’est à Yamaoka Tesshu et Saïgo Takamori que l’on doit cette transition pacifique. Ce sont eux qui ont évité un bain de sang et les témoignages qui nous sont parvenus sont unanimes. Mais Tesshu senseï ne mettait jamais ses actions en avant, il se retirait toujours et laissait la gloire aux autres. C’est un autre aspect incroyable de sa grandeur. »

Pour aller plus loin; Budô, réferences pour garder le cap.

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