Les lectures diverses inhérentes à mes recherches et réflexions sur ma pratique m’ont fait connaître quelques petites histoires sur l’histoire d’évolution des arts martiaux japonais. M’intéressant depuis plus de deux désénies au sujet, je sais que celui ci ressemble à éventail faisant penser à la roue du paon.
J’ai eu l’envie de livrer ici un petit épisode qui à favorisé l’implantation du ju-jutsu en France.
Beaucoup d’affranchis croient que les débuts du ju-jutsu en France dates des années 30 et sont du a Moche Feldenkrais.
Il est vrai que M.Feldenkrais et Monsieur et Madame JOLIOT -CURIE ont rencontré Jigoro Kano et son assistant Shuidi Nagaoka à plusieurs reprises entre 1932 et 1934, ce qui à permis l’ouverture du « Ju-Jitsu Club » rue Baudourg à Paris et à favorisé l’arrivée de Mikinosike Kawashi dès 1935. Qui après l’aventure Londonnienne apporta ensuite énormement au Judo français, mais cette histoire est bien plus connue.
Mais peu savent que les débuts du jiu jiutsu dataient de bien avant.
Dix ans auparavent le Sporting Club de Paris, proposait déjà les cours de ju-jutsu dispensés par K. ISHIGURO et A. AIDA.
Mais même si la première démonstartion publique datant de l’exposition universelle de Paris en 1900 passa inaperçue, c’est une rencontre entre Ernest Rénier et Georges Dubois (Ré-Nié est une japonisation du patronime plus tendance- à la mode) orchéstré par Edmond Desbonnet qui marqua le début de l’enthousiasme pour cette méthode secrete et inbattable.
Depuis 1899, Edmond Desbonnet fait connaître, à Paris, une méthode personnelle et originale fondée sur l’utilisation des haltères légers. Le système qu’il propose offre la santé par les exercices musculaires. Passionné par la force, admiratif de la beauté plastique et de la statuaire antique, ce Lillois d’origine est « l’inventeur » de la culture physique, le précurseur du culturisme. Par sa méthode il souhaite doter le jeune homme « appelé à servir sa patrie » de muscles résistants et de procurer à la jeune femme la « force nécessaire à l’accomplissement de sa mission, grandiose entre toutes, la maternité ». Il participe ainsi à la « régénération de la race », le courant médical du début du siècle qui lutte pour l’amélioration de l’hygiène et de la santé.

Interrogé peu avant sa mort, en 1953, Desbonnet se souvient de ses premiers contacts avec la méthode japonaise. Étant en Angleterre en 1905 pour arbitrer des exercices de force, je me rendis à mon club habituel et là, on me dit : « Vous êtes très fort, mais pourriez-vous venir à bout d’un petit homme de 50 kg ? » je ne pus m’empêcher de sourire. Devant mon scepticisme, on m’offrit de voir, de faire même un combat et on me conduisit au Bartisu-club. J’y vis deux petits Japonais, plutôt gringalets, et je me dis avec une grande satisfaction, pour ne pas dire suffisance, qu’avec 41 cm de tour de bras et le reste à l’avenant, je n’en ferais qu’une bouchée… Présomptueux que j’étais ! (…..) Fort de cette expérience, je désirais vivement présenter ce nouveau sport à Peris, et de l’enseigner dans mon école comme lutte de self-défense par excellence. »
Le Bartisu-Club de Londres est la première école européenne de jujutsu. Il est fondé en 1899 par un ingénieur anglais, W.E.Barton-Wright, qui propose une méthode personnelle inspirée du ju-jutsu et appelée le « Bartisu ». Etablissement de culture physique et de gymnastique médicale, le club est fréquenté par l’aristocratie londonienne. A son retour à Paris, Desbonnet contacte Ernest Régnier, un « bon petit lutteur de gréco-romaine, (…) gagnant difficilement sa vie ». Je lui montrais quelques passes. Il accepta avec plaisir et partit pour Londres. Desbonnet met cette période à profit pour louer un trés beau local aux Champs-Elysées, le faire décorer luxueusement et préparer activement une intense publicité.
Mais passont donc à l’histoire de cette rencontre.
LE COMBAT REGNIER-DUBOIS
Georges Dubois, maître d’armes et de boxe, est également professeur d’escrime de la Fédération des sports et de la chasse, il sera plus tard maître d’armes à l’Opéra-Comique de Paris. C’est surtout un homme de tradition qui pratique les sports de défense français. Il est connu comme un « boxeur redoutable » et « un faiseur de poids et haltères de premier ordre ». Dubois mesure 1,68m, pèse 75 kilos. Il a 40 ans.Son adversaire a japonisé son nom en devenant professeur de jujutsu. Il s’appelle, en fait, Ernest Régnier. Il a 36 ans. Son poids est de 63 kilos, sa taille de 1,65 m. Régnier a pratiqué la boxe, mais surtout la lutte, formé par le célèbre François le Bordelais. Les règles du combat sont simples. » Tout était autorisé sauf mordre, crever les yeux et blesser le bas-ventre. Nous pouvions donc nous briser un membre ou nous étrangler, sans préjudice de certains coups frappés avec le « coupant de la main » encore plus danjereux. »
Plusieurs fois retardé, le duel est fixé au 20 octobre. Il se déroule en plein air, « par un vent glacial », sur la terrasse de l’un des bâtiments de l’usine de carrosserie Védrine, à Courbevoie. Un ring de douze mètres sur douze est aménagé, entouré de banquettes. Régnier porte un veston, Dubois une jaquette et des gants rouges. La rencontre n’est pas publique. Seuls sont admis les initiés qui en chapeau haut-de-forme attendent. Le journaliste de l’auto écrit : « il y a plus de cinq cents invités !… Le Tout Paris sportif était présent. Les célébrités de la boxe coudoyaient les rois de l’automobilisme, les escrimeurs célèbres se pressaient autour du ring, la presse sportive était là au grand complet. »
L’arbitre prononce le sacramentel : « allez messieurs ! » les deux hommes s’observent. Sur une feinte de Ré-Nié, Dubois attaque par un « chassé » que son adversaire esquive. Sur le corps à corps qui s’ensuit, Dubois projeté à terre, essaie d’étrangler Ré-Nié, mais celui-ci se saisissant du poignet lui porte une clé de bras. Duboi pousse un cri terrible et s’avoue vaincu. La passe a duré 6 secondes exactement. « Le coup est dénommé arm-lock en Angleterre et s’appelle udi-shi-ghi en japonais »Le professeur Ré-Nié vient de consacrer « le triomphe de la méthode japonaise sur la méthode française ».
Aussitôt, des personnalités prestigieuses s’inscrivent à ses cours, notamment le prince Joachim Murat (1885-1938) et l’acteur Mounet-Sully (1841-1916). Le 14 janvier 1906, le « Sport universel illustré » annonce : « Tout est au jiu-jitsu ! Les rues, les journaux, les théâtres, les music-halls retentissent de ce mot magique qui sonne comme un clairon de victoire».
Régnier reçoit également « plus de soixante demandes » d’hommes de lettres désireux d’écrire avec lui un ouvrage sur le jujutsu. C’est ainsi que Guy de Montgaihard, l’écrivain et poète du Lauragais, participe à la rédaction d’un ouvrage au titre évocateur, les Secrets du jiu-jitsu.
Cet engouement se terminera de la même manière qu’il a commencé, par un combat ou RE-NIE est agressé sournoisement lors d’une démonstration par Witzler, un lutteur professionnel qui lui porte un coup de tête qui projette Ré-Nié au tapis la figure en sang.
Les diverses sources à la base de cet article:
Les racines du judo français: histoire d’une culture sportive Par Michel Brousse
Les influences sur le jujitsu.
L’arrivé du jujitsu en France.
article très intéressant je trouve
Merci Antoine! 😉