Budô 武道 où le sens de la pratique. (part.1/2)


J’écrivais dans le préambule de mon blog, que le but de ma pratique s’inscrivait dans une perspective de budô 武道.

Mais une telle démarche est elle encore compréhensible et surtout est elle encore applicable aujourd’hui ?

Cette réflexion découle de la lecture et discussion que j’ai pu avoir avec des pratiquants de différentes disciplines. Je vais donc essayer de préciser un plus ma vision afin de mieux cibler (mon) l’objectif.

Mais avant d’essayer de se fixer un but et d’s’y investir entièrement, il est souhaitable de  définir ce que c’est que le budô 武道 car il m’est arrivé à certains périodes, de ressembler à un de ces aveugles devant un éléphant.

Les six aveugles devant l’éléphant.

Il est très fréquemment admis par la grande majorité de pratiquants que l’esprit de budô 武道 est un reflet de l’esprit japonais de l’ère Meiji emprunt du nationalisme.

L’écrivain japonais Yukio Mishima s’est suicidé par seppuku le 25 novembre 1970.

Si mon “Moi” était ma demeure, mon corps lui était comme un verger qui l’entourait. Un jour, je pris la décision de cultiver un verger digne de moi-même. Peu à peu le verger commença à porter ses fruits et la pensée de mon corps pris plus de place dans ma conscience.

Yukio Mishima

Mais je crois qu’il nous faut sortir des carcans d’un bibliothécaire. Le budô 武道, n’est pas qu’un moment historique, une expression de son temps. Les tireurs de savate n’avaient rien à envier aux budokas de l’ère Meiji. Et le « nationalisme » n’était qu’un reflet de l’émergence du monde moderne.

… « Contrairement à son image vulgarisée, le budô 武道 n’est pas une reprise directe de la pratique guerrière des arts martiaux. C’est une conception moderne qui vise une formation globale de l’homme – intellectuelle et physique – par la pratique des disciplines traditionnelles de combat. Le budô 武道 est un terme général qui recouvre l’ensemble de ces disciplines. »…[KT]

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Minoru Akuza

Je ne crois pas également que ce soit inhérent à une époque mais reste avant tout à l’appréciation du pratiquant, à son engagement dans la voie.

« Celui qui s’exerce est lui même l’objet de l’exercice. Il devient une Personne qui se trouve là, dans son unité originelle, au delà de toute discrimination corporelle, psychique ou spirituelle. » [KGD]

Le budô 武道 reste donc avant tout une dynamique toute actuelle, parfaitement transposable dans la société contemporaine car, par définition, s’en situant en dehors;

« La tension vers la formation de soi, au sens où je l’ai exposé plus haut, n’apparaît pas d’une manière abstraite, mais elle s’appuie sur une sensation corporelle concrète. Il s’agit d’une sensation corporelle que tous les êtres humains peuvent concevoir quelle que soit leur origine culturelle. Autrement dit cette sensation corporelle est la clef qui permet de pratiquer le budô à part entière en dépassant les obstacles culturels. » … [KT]

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Akira Hino senseï (photo Jean-Baptiste Rosello)

Et le combat n’est qu’un moment de la pratique, qui englobe elle, la compréhension de son corps et tend vers un objectif prédéfinit au préalable. Il n’y a que de cette façon que nous pourrons s’investir dans une pratique durable.
« Même si chacun ne peut pas devenir un grand adepte, il faut avoir cet objectif. Pour cela, il est nécessaire d’apprendre à employer le ki et à maîtriser la totalité de son corps avec souplesse. L’entraînement qui manque de souplesse ne permet pas d’employer son énergie sans perte et le niveau baissera fatalement en vieillissant. » [KS]

Quant aux choix des actions de tout un chacun, peu importe quand, hier, aujourd’hui ou demain, ce n’est qu’à nous même qu’il en revient la responsabilité.

Le corps, avant d’être celui des autres, est d’abord le nôtre, notre habitation principale.

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